Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
histo-geo.over-blog.com

La "deuxieme révolution industrielle".

Nous poursuivons la réflexion sur la question de la révolution technologique. Après avoir montré que le concept de révolution industrielle appartenait à la théorie communiste[i] et qu'il fallait le rattacher à la prévision du communisme, dont les bases matérielles sont rendues possibles par le développement même du machinisme, nous analysons le concept bourgeois de "seconde révolution industrielle". Mais il est clair ici que, contrairement au concept de révolution industrielle, il n'y a plus de fondement matériel avéré. Nous sommes dans l'idéologie et c'est à la critique de cette idéologie que se consacre ce texte.

 

oOo

 

Le concept de "seconde révolution industrielle" se présente tout d’abord sous le signe de la confusion intellectuelle la plus totale. Existe-t-elle ? Quand a t-elle commencé ? Quelle est sa caractéristique ? Sur toutes ces questions règne la plus grande variété d’opinions.

 

Essayons de voir leur signification. Prenons déjà l’opinion la plus consensuelle. C’est celle qui figure dans les programmes d’histoire enseignés dans les lycées de France. Qu’enseigne la bourgeoisie à la jeunesse ?

 

Elle lui dit que dans les dernières décennies du XIXè siècle de nouvelles découvertes et innovations vont transformer les conditions de vie.

  • Les nouvelles sources d’énergie avec l’électricité et le pétrole (dynamo en 1871, transport à distance de l’électricité, hydroélectricité –1878 -, lampe à incandescence – 1879 -, moteur à explosion - 1893 – et moteur diesel ouvrent un avenir au pétrole)
  • Les nouveaux moyens de communication (téléphone – 1876 -, phonographe – 1877 -, TSF – années 1890 -, cinéma – 1895 -)
  • L’essor de la chimie (textiles artificiels, matières plastiques, engrais, parfums et colorants de synthèse)
  • L’expansion de l’aluminium devenu grâce à l’électrolyse un métal moins coûteux. De son côté la métallurgie du fer connaît de nouveaux progrès.
  • Les nouveaux moyens de transport ( – la marine à vapeur supplante la marine à voile -, bicyclette, émergence de l’automobile, invention de l’aviation) et création de nouvelles voies de communication (Suez, Panama, chemins de fer transcontinentaux).
  • Réduction de la mortalité sous l’impulsion des travaux de Pasteur.

 

Selon ce point de vue, la seconde révolution industrielle émerge donc dans les années 1870 et repose sur une éventail de découvertes aboutissant à une nouvelle civilisation matérielle (électricité, automobile, chimie).

Mais comme les discontinuités ne sont pas faciles  à établir[ii], certains auteurs éprouvent le besoin de renforcer leur point de vue en mettant en avant des aspects plus « structurels ». Ainsi, Yves Crozet et Christian Le Bas dans le tome I de l’ « Economie mondiale – de la révolution industrielle à 1945 – Hachette », considèrent que la science n’a joué qu’un rôle  mineur lors de la première révolution industrielle, tandis qu’à la fin du XIXè siècle elle peut devenir le « centre même de la production » et agir sur les « structures productives ». Une idée similaire est reprise par exemple, par Franck Achard, enseignant en histoire des sciences : « Dans les années 1870, l’Europe et plus particulièrement la Grande-Bretagne connaissent ce que les historiens ont appelé la seconde révolution industrielle : le développement d’une industrie s’appuyant sur la recherche scientifique » (Cahiers de science et vie – le cas du champ électromagnétique, p.78).

 

En première analyse, on ne peut qu’être frappé par la différence entre la grandiose analyse du contenu de la révolution industrielle telle que l’établit, nous l’avons vu, le communisme révolutionnaire (automatisation, élimination de l’homme du procès de production, croissance illimitée de la productivité, nouveau procès de travail spécifiquement capitaliste, développement du travail associé, bases matérielles du communisme) et de l’autre côté la pauvreté de l’argumentation bourgeoise. Non pas que certaines inventions n’auraient pas d’importance – la lumière électrique et l’automobile sont devenus une évidence pour une majorité dans les pays où le mode de production capitaliste est le plus développé[iii], mais parce que nous avons à faire à une litanie d’inventions que rien ne relie, sans aucune force conceptuelle. Là où, pour le socialisme, nous avons un concept dont la portée sociale est révolutionnaire (et d’ailleurs connotée en tant que telle[iv]), nous trouvons, pour les historiens de la bourgeoisie, une histoire de la technologie quand ce n’est pas simplement une histoire des sources d’énergie. Si l'on suit cette dernière approche, la [première] révolution industrielle aurait pour caractéristique, le charbon, la machine à vapeur et le chemin de fer. Nous pouvons donc constater que toute la force de l’analyse communiste et de ses conséquences est évacuée, passée sous silence, ignorée, niée, édulcorée au profit d’une vision purement technologique. La critique radicale du mode de production capitaliste, l’annonce de son dépassement, la formidable dimension sociale et politique du concept sont gommés au profit d’une histoire de l’énergie et des moyens de transport et de communication.

 

Dès lors, la question prend donc un tout autre éclairage. Le concept de  « seconde révolution industrielle » n’apparaît alors que comme un moyen de relativiser, d’édulcorer, d’aseptiser, de désarmer le concept de « révolution industrielle ». Il s’agit de le faire rentrer dans l’ordre, de le faire marcher au pas, de lui ôter toute portée révolutionnaire. Il s’agit de circonvenir la signification que lui donne le socialisme scientifique, pour ramener le concept, assagi, castré, dans le camp bourgeois. A l’annonce du renversement violent du mode de production capitaliste succède sa marche triomphale vers le progrès rythmé par des « révolutions industrielles » successives.

Dans le point de vue des historiens bourgeois, il y a un acte manqué qui est révélateur. En bon français, quand on parle de « seconde révolution industrielle », (de même quand on parle de « seconde guerre mondiale »), c’est qu’on n’en attend pas de troisième, sinon il faudrait dire « deuxième ». La « seconde » n’est donc là que pour relativiser la « révolution industrielle », la transformer en « première révolution industrielle » et la faire ainsi verser dans l’ornière bourgeoise.

 

Marx (mort en 1883) et plus encore Engels (mort en 1895) ont été les témoins de cette « seconde révolution industrielle ». Alors qu’ils fondent scientifiquement le concept de « révolution industrielle », d’origine socialiste, ils ne souffleront pas un mot de cette « seconde révolution ». Non pas parce qu’il ignoraient les inventions citées par les historiens - Engels fait par exemple, une critique en règle des conceptions empiristes étroites et idéalistes sur l’électricité, et Marx et Engels s’enthousiasmeront pour le transport à distance de l’électricité (Desprez), l’application de la chimie à la production (Liebig), etc. - , mais pour la bonne raison que les phénomènes dont nous avons parlé et qui étaient connus de leur vivant ne faisaient que réaliser toujours mieux le concept établi auparavant. De ce point de vue, chaque nouveau progrès de la force productive du travail, de la science et de la technologie réalisent toujours plus le concept de révolution industrielle. Et comme toujours le progrès des forces productives est à la fois synonyme d’exploitation accrue et de potentiel de libération. Le cours ouvert par la révolution industrielle ne se ferme pas, il accompagne tout le développement capitaliste jusqu'à son dépassement révolutionnaire[v].

 

Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y ait pas certaines périodes particulières où le cumul des inventions, des découvertes, des réalisations scientifiques, ne revêtent pas une signification spéciale. Le socialisme à une idée sur le classement de ces résultats mais, nous le verrons, ce n’est pas par rapport à une énumération de découvertes et encore moins par rapport à une histoire des sources d’énergie.

 

En tous cas, nous sommes arrivés à un premier résultat : dans une première acception du terme, le concept de seconde révolution industrielle n’a pas de contenu spécifique par rapport au concept de révolution industrielle. Bien plus, il est directement tourné contre la théorie prolétarienne avec la volonté de ravaler le concept au rang de révolution technologique, en la banalisant sous l’angle d’une simple histoire des inventions et des sources d’énergie. Ce concept autorise ensuite toutes les confusions, puisque, selon l'angle technologique qui sera valorisé, on pourra comptabiliser différemment des "deuxième", puis "troisième" révolution industrielle. Par exemple pour ceux qui ont avalisé la poussée d'inventions scientifiques des années 1870 comme "seconde" révolution industrielle, l'ère ouverte avec l'informatique, les micro-processeurs dans les années 1950 serait une "troisième" révolution industrielle. En revanche, pour d'autres, que nous analysons ci-après, cette dernière période est celle d'une "seconde" révolution industrielle. Bref, disons donc clairement ici que, par rapport à toute cette confusion, le communisme n'en reconnaît qu'une seule, contemporaine et fondatrice du capitalisme moderne, dont elle signifie également le dépassement.

 

Venons en à un deuxième groupe d’opinion qui lui-même a de multiples nuances. Commençons par les plus radicaux, fer de lance de ce que d’autres encore appelleront la troisième révolution industrielle. Ce groupe est composé par les capitaines d'industrie de la branche électronique et informatique. Il affirme que c’est Internet qui fonde une seconde révolution industrielle. Par exemple, le patron de Cisco, société qui avec un chiffre d’affaires de 12,5 milliards de dollars est le premier fournisseur mondial de solutions réseaux pour Internet, déclare :

« Il y a cinq ans, nous prédisions que nous nous trouvions au centre d’une seconde révolution industrielle qui allait modifier profondément l’avenir du pays, des entreprises et des personnes. Aujourd’hui, Internet est déjà devenu le principal moteur de croissance de l’économie… La seconde révolution industrielle ne fait que commencer, et les états et les entreprises du monde entier se tournent vers Cisco comme l’expert Internet, pour les aider à adapter leurs modèles d’affaires et leurs pays à cette nouvelle ère. Nous somme par conséquent très satisfaits des résultats que nous avons atteints dans toutes les lignes de produits, domaines d’activités et centres géographiques. » (John T. Chambers Président de Cisco Systems. 11 août 2000).

Même opinion, à l’autre bout de l’échelle des affaires, avec ce créateur de jeune pousse : « De formation universitaire (HEC), j’ai choisi de me spécialiser dans le marketing en 1985 et j’ai fondé Aequalis en 1991. Début 1995, j’ai entendu parler d’Internet pour la première fois et j’ai commencé à surfer. J’ai eu l’idée en 1997. Après avoir conçu plusieurs sites web pour nos clients, j’avais envie de développer mon propre produit, car j’étais convaincu du potentiel énorme de l’Internet : une sorte de seconde révolution industrielle où les trains partent les uns après les autres. » (Robert Palm, créateur d’une jeune pousse en Suisse).

 

Ici, on ne s’embarrasse guère de réflexion, la conceptualisation est directement en prise avec les intérêts immédiats du capital. Il s'agit de convaincre les clients qu’ils ont à faire non pas avec une troisième révolution industrielle ce qui serait minimiser l’événement mais avec une seconde, donc un événement extraordinaire qui n’intervient que tous les deux ou trois siècles, qui ne peut que les inciter à l’achat de ces produits indispensables pour ne pas rater la nouvelle Jérusalem.

 

Dans la même veine, mais avec une ligne différente qui tient aux places différentes que ces acteurs occupent, nous trouvons la littérature d’Andersen (pas celui qui écrit des contes, mais celui qui falsifie les comptes…). Les capitalistes grands ou petits impliqués directement dans le secteur d’Internet ont  tout intérêt à  dramatiser et magnifier leur offre. Les cabinets de conseil qui  ne peuvent pas, du fait de leur position ignorer les progrès accomplis par leurs clients qui appartiennent à toutes les branches des affaires, vont emboucher la même trompette mais en la dotant d’un son plus « historique ».  Andersen vient de s’illustrer dans l’affaire Enron en truquant les comptes. Compte tenu du fait qu’il s’agit  de documents et de pièces comptables qui ont une certaine objectivité, que ces comptes s’expriment dans un dénominateur commun, le dollar et dans un cadre défini, le plan comptable, on peut mesurer la latitude qu’ont ces sociétés dès lors qu’il s’agit d’une activité plus subjective comme le conseil. Exploitant la gogoterie des chefs d'entreprise et des actionnaires, ces sociétés peuvent raconter n'importe quoi du moment que c'est prometteur de revenus faciles et importants. Elles portent une part de responsabilité dans la formation de la « bulle internet » et de l’intense et délirante spéculation qui s’est emparée de la planète capitaliste, sur la base des considérations imbéciles de la « nouvelle économie ».

Laissons donc la parole aux charlatans des temps modernes :

" Peut-on parler de troisième révolution industrielle ?

 

L'expression de révolution industrielle est de plus en plus utilisée à propos de la révolution liée aux technologies de l'information et de la communication. Mais, à quoi reconnaît-on au juste une révolution industrielle ?


Dans une perspective longue d'évolution de l'économie mondiale, il s'agit de regarder comment l'arrivée de nouvelles technologies a pu contribuer à la transformation profonde de l'échange qui est la base de notre économie. Tout gain que les hommes parviennent à réaliser sur le temps et l'espace dans lequel s'organisent leurs échanges se traduit, pour eux, par des richesses supplémentaires.


Une révolution industrielle se caractérise par une nouvelle source d'énergie, un moteur et l'apparition d'un nouveau mode de communication et d'échange.


Au XIXème siècle, la première révolution industrielle a comme énergie le charbon, comme moteur la machine à vapeur et comme nouveau mode de communication le chemin de fer.


La seconde révolution industrielle démarre avec la Première guerre mondiale. Une nouvelle source d'énergie, le pétrole, permet le développement du moteur à explosion, puis de toute l'industrie automobile et aéronautique. Ces nouveaux moyens de communication génèrent une forte progression de l'économie mondiale tirée par les Etats-Unis.


La troisième révolution industrielle est caractérisée par une nouvelle source d'énergie, l'information ; de nouveaux moteurs apparaissent avec l'ordinateur et les systèmes d'information ; un nouveau mode de communication et d'échange se développe avec les réseaux et l'Internet.


Si cette économie immédiate, en réseau, que nous vivons est bien la marque d'un profond changement, alors osons accueillir la troisième révolution industrielle !" (Alain Richemond pour Andersen)

 

Il suffit de se reporter à l'analyse de la révolution industrielle telle que la fait le socialisme (cf. texte précédent) pour mesurer à quel point le simplisme, pour ne pas dire l'imbécillité est érigée au rang de méthodologie par Andersen. Comme pour les auteurs ci dessus, Andersen ne s’encombre pas de l’histoire, pas même l’histoire des historiens bourgeois. La seconde révolution industrielle intervient à la veille de la première guerre mondiale soit près d’un demi-siècle après le coup d’envoi des historiens bourgeois. Mais, il ne s’agit pas d’analyser les faits. Il s’agit selon les préceptes des cabinets de conseil de dégager des faits une systématisation pseudo rationnelle qui fera l’objet d’une grille d’analyse. On obtient ainsi une « méthodologie » d’analyse de la révolution industrielle grâce au triplet « source d’énergie – moteur – moyen de communication ». L’idéal de ce type de société est ensuite de revendre de telles méthodologies en les faisant appliquer par des consultants moins expérimentés et donc moins bien payés. La recherche de méthodologies est donc une partie constitutive de leur système de pensée qui leur permet d’améliorer leur argumentaire de vente et d’obtenir un maximum de profit quitte à faire entrer au chausse-pied ou à coup de masse, le cas d’espèce qui leur est soumis dans la « méthodologie » abstraite qui a été élaborée. On pourra noter au passage comment cette démarche intellectuelle pour le moins sommaire fait sombrer dans la stupidité quand ce n’est pas dans le cynisme le plus abject. En effet faire coïncider la seconde révolution industrielle avec l’un des plus grands carnages impérialistes, la crise d’entre deux guerre et son aboutissement dans la seconde guerre mondiale qui verra l’émergence de l’ordinateur et donc le début de la « troisième » révolution industrielle, sans mentionner aucun de ces faits et prétendre qu’il s’agissait là d’une période de « forte progression de l’économie mondiale » laisse rêveur quant aux capacités intellectuelles de certains représentants de la bourgeoisie.

 

Par conséquent les fractions de la classe capitaliste directement liées à la production capitaliste dans le secteur de l’Internet militent pour l’existence d’une nouvelle révolution industrielle (seconde ou troisième suivant leur proximité avec le secteur). Nous verrons quand nous traiterons plus particulièrement de la troisième révolution industrielle d’autres facteurs constitutifs du discours.

 

Voyons maintenant un dernier grand type de discours. Celui-ci est tenu par les milieux écologistes. La seconde révolution industrielle est à venir. Elle s’affirmera avec la révolution du solaire.

«  Du point de vue de l’histoire de la civilisation, l’ère solaire signalise l’abandon de l’agglomération. Comme les activités économiques doivent toujours suivre les sources d’énergie, l’orientation vers des sources d’énergie décentralisées conduit à une décentralisation. L’économie solaire mondiale rendra techniquement impossible la concentration des ressources et des capitaux. Du fait que les ressources solaires sont intarissables, la possibilité d’un modèle de civilisation durable peut alors se développer. Comme l’on ne peut pas privatiser le soleil, personne ne pourra menacer les éléments de ce modèle de civilisation.

Le résultat en est une augmentation de la liberté individuelle, sociale et économique qui n’entrave pas la liberté d’autrui. L’orientation vers l’économie solaire mondiale exige une seconde révolution industrielle qui, d’autre part, doit être une révolution technique de l’énergie. Elle fera avancer les avantages de la première révolution industrielle mais surmontera ses inconvénients vitaux. Elle permet de généraliser l’évolution technique industrielle des forces de productivité pour l’ensemble de l’humanité. » Hermann Scheer, Président de l’Association européenne pour l’énergie solaire Eurosolar, lauréat du prix Nobel alternatif 1999.

 

Dans cette vision de l’histoire, la révolution industrielle s’est emparée des sources d’énergie fossiles, charbon d’abord, puis pétrole, avec pour conséquence induite la libération de gaz carbonique. Ici, nous n’avons qu’une histoire de l’énergie indépendante de toute histoire des modes de production, des relations entre les classes et des formes d’exploitation. A la limite, l’invention du feu y est vue comme un usage de la biomasse pour produire de l’énergie. Tout l’arc historique de l’espèce humaine est ramené à une évolution et une maîtrise des sources d’énergie. La lutte multi-millénaire de l’homme pour dominer la nature et s’élever au seuil où une société sans classes devient non seulement possible mais nécessaire n’est qu’un moment de l’histoire de l’économie fossile et l’histoire de l’espèce une activité polluante. La relation entre mode de production capitaliste et destruction de la nature n’est jamais mise en relief, au profit de lubies végétariennes, anti-vivisection,  de refus des différences qualitatives entre l’espèce humaine et les autres (anti-spécisme). Ici, nul besoin de révolution sociale pour libérer les forces productives, il suffit que l'espèce humaine se rende compte du danger encouru avec l'épuisement des ressources naturelles, qu'elle se tourne vers l'exploitation de nouvelles formes d'énergie pour rétablir les équilibres naturels. L'écologie est une idéologie a-classiste.

 

Quelle que soit la manière dont on se représente cette «seconde révolution industrielle» nous voyons qu’elle est tout d’abord hostile au communisme révolutionnaire, qu’elle se présente soit comme un concept pour banaliser le concept de révolution industrielle et lui ôter toute portée révolutionnaire soit comme un argument mercantile (nous reviendrons sur les attendus du contenu de ce que d’autres appellent la troisième révolution industrielle) soit comme le nouvel âge d’or permettant un développement harmonieux du capitalisme sans besoin de recourir aux méthodes du socialisme : révolution sociale et dictature révolutionnaire.

 

Vient enfin une dernière catégorie d’acteurs. Ils sont plus anciens que les bateleurs mercantis de la révolution de l’Internet qui cependant en sont d’une certaine manière les héritiers imbéciles et stipendiés. Il s’agit des penseurs d’une seconde révolution industrielle liée à la cybernétique. Parmi ceux-ci nous trouvons un des fondateurs de cette discipline et un des pères de la théorie de l’information, Norbert Wiener. « (…) Il semble bien comme le fait remarquer Norbert Wiener, que nous soyons maintenant au début d’une « seconde révolution industrielle », comparable à celle dont le siècle passé fut le témoin. Cette révolution résulte des applications de la cybernétique : alors que la première révolution industrielle accompagna l’introduction de méthodes plus commodes d’obtention de l’énergie, la seconde a pour origine les facilités nouvelles que l’on rencontre dans la réalisation automatique de certains processus mentaux (…). (Robert Vallée, 1952. fondateur en 1950 du cercle d’études cybernétiques)

 

Nous voyons poindre ici les arguments qui sont repris par les tenants de la "troisième révolution" industrielle ou technologique, et malheureusement aussi Gérard Bad et Raoul. Nous développerons dans un prochain texte l'histoire de ce concept.

 

 

Robin Goodfellow – 31 juillet 2002.

 

[i] Dans ses "16 thèses sur l'histoire et l'état de l'économie capitaliste" (Juin 2001) Sander écrit : "Le terme de "révolution industrielle" est trompeur : aucun des trois moments auxquels ce terme a été attribué n'a connu le brusque bouleversement du statu quo impliqué par le terme de "révolution"." (Thèse 4.)

Nous avons montré, au contraire, que la théorie communiste identifiait là une révolution capitaliste, rupture totale avec tous les modes de production qui avaient précédés. Le machinisme est la clé de cette révolution.

[ii] Entre autres, la chimie qui prend son essor avec Lavoisier et encore plus avec Dalton au tout début du 19° siècle. D’autre part les historiens de la fin du XIXè siècle avaient pour habitude de mettre sur le même pied que la machine à vapeur l’invention de Nicolas Leblanc qui permettait de produire de la soude à partir du sel marin La soude étant un composant essentiel pur de nombreuses  industries vitales (blanchiment des textiles, savonnerie, verrerie, teinture). L’électricité a connu aussi de nombreux développements à partir de 1820 (Oersted, Ampère, Faraday). Quant aux Suisses ils revendiquent l’invention du moteur à explosion avant la fin du XVIII siècle.

[iii] De ce point de vue, Lénine sous estimait énormément la possibilité du développement de l’automobile.

[iv] Les historiens bourgeois qui ont choisi de ne pas édulcorer le concept de « révolution industrielle » mais de le combattre, proposent en général le terme d’industrialisation.

[v] Dans sa critique, JC (voir réponse à Gérard Bad sur le travail productif et improductif) montre un esprit fort peu dialectique lorsqu'il accuse le mouvement communiste de ne voir dans la critique du capitalisme qu'une critique de son "irrationalisme" que le communisme balaierait. Il ne s'agit pas de savoir ce qui est abstraitement rationnel ou pas, il s'agit de voir que sans le capitalisme, il n'y aurait pas de communisme car celui-ci ne peut naître qu'à partir du développement (contradictoire) de ses conditions matérielles au sein même de l'économie capitaliste.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article